Excellents thrillers
Cette dame blonde s'appelle Mo Hayder. Elle est l'auteur de deux thrillers qui m'ont fait passer des nuits blanches. Ils figurent parmi les meilleurs que j'aie jamais lus, c'est pourquoi je vous les recommande, mais attention, âmes sensibles s'abstenir !
Tokyo
Grey est une jeune femme assez paumée qui décide d'aller chercher à Tokyo, auprès d'un Chinois qui a connu la guerre, les réponses à ses questions plus ou moins bizarres, voire gores. En attendant qu'il se décidé à lui livrer les secrets de ce qu'il a vu, et qui la concernent de plus près qu'on n'aurait cru au premier abord, elle se met en colocation avec quelques Russes, et devient hôtesse dans un bar. La vérité sur Grey se fait jour au fil des pages, tandis que la vérité historique nous donne la nausée, et qu'un vieux Japonais pervers apporte finalement la clef de l'énigme... dans les toutes dernières pages.
Ce roman m'a profondément choquée pour plusieurs raisons, et m'a empêchée de dormir pendant plusieurs nuits. Mais impossible de le lâcher car il touche à la fois à un pays que j'aime profondément - le Japon - et à des questions existentielles pour les femmes comme l'identité sexuelle et la maternité. Je le recommande, si vous avez le coeur bien accroché, car franchement, je crois n'avoir jamais rien lu d'aussi dégueulasse ! Mais c'est si bien écrit, si bien ficelé, si bien vu, comment résister ?
Pig Island
Voici le responsable de ma dernière nuit blanche. Un chouille moins dégueulasse que "Tokyo" (mais pas beaucoup moins), ce roman évoque la fascination d'un journaliste pour une secte installée sur une île et qui est en conflit avec l'un de ses anciens membres, retranché dans un camp fortifié, qui a un penchant pour les sacrifices de porcs et a manifestement perdu l'esprit. Jusqu'au jour où le massacre final a lieu. Joe, notre journaliste, entraîne également sa femme dans cette histoire, et la pauvre, naïve et surperficielle, va en faire les frais. Qui est donc ce diable, avec une queue, qui vient rôder dans le village de la secte ?
Toute superstition est ramenée par l'auteur au domaine du rationnel... le fameux diable trouve une explication rationnelle, incarnée... jusqu'à la fin, terriblement bien préparée et ficelée, qui donne son sens à toute l'enquête, et fait carrément douter de la nature humaine. Entre-temps, on monte graduellement dans l'échelle du gore et de l'insoutenable, bien que les explications médicales permettent de relâcher un peu la tension. Bref, de la première à la dernière page, Joe, victime de sa fascination pour les monstres et aussi de sa cupidité (il veut vendre un bon papier), en prend plein la gueule. Mais on ne sait pas pourquoi, en refermant le livre, on se dit qu'il ne méritait quand même pas ça...