Nouvelle sortie aux Archives
Vendredi dernier, le groupe francophone était de nouveau invité aux Archives d'Almaty pour y visionner de vieux films.
Histoire des Archives
Les Archives d'Almaty regroupent, depuis 1943, tous les documents relatifs à l'Union Soviétique, car cette ville située loin des fronts de guerre était considérée comme sûre. Les studios de cinéma les plus importants de l'Union Soviétique (Moscou, St-Petersbourg...) y ont donc conservé leurs documents. Par exemple, Smirnoff, qui a filmé la reddition d'Hitler aux troupes soviétiques ; ce film a ensuite été réutilisé en guise de prologue à de vrais films de cinéma (Smirnoff a travaillé, entre autres, avec Eisenstein).
Les Archives, outre des films, conservent des documents audio, des photos et des négatifs sur l'histoire d'Almaty depuis la fin du XIXème siècle.
Sur le thème de la musique...
La visite du jour était placée sous le signe de l'art et de la poésie. Un employé des Archives, M. Sayan, se trouvant aussi être un musicien accompli, participant à des festivals de musique traditionnelle partout dans le monde et ayant même enregistré un disque à Paris, il nous a gratifiés d'un mémorable petit concert privé où il a mis toute sa passion. C'était vraiment génial.
La musique kazakhe se joue en effet passionnément. Sur cette photo, vous le voyez jouer du dhombra, THE instrument local. On dit que le dhombra imite le frémissement du vent dans les herbes de la steppe. C'est une image mais c'est exactement ça.
C'est un instrument à deux cordes sur lesquelles on appuie avec la première phalange de chaque doigt, mais côté ongle. Pour produire des sons aigus, on appuie dessus avec la pulpe du doigt. On peut, tout en grattant les cordes, laisser taper les doigts sur le coffre (en faisant des sortes de pichenettes), ce qui produit un effet de castagnettes. Le son rendu est assez sec et très entraînant, on a presque l'impression d'avoir affaire à un orchestre entier. Mais apparemment, cet effet était surtout dû au talent de notre musicien, car tous n'en seraient pas capables.
On nous a raconté une jolie légende au sujet du dhombra :
Le Khan était en guerre, et son fils, chef militaire, était en difficulté sur le champ de bataille. Dépité, le Khan déclara qu'il coulerait du métal fondu dans la gorge de celui qui apporterait la nouvelle de la défaite. Cette dernière étant inéluctable, le fils du Khan eut l'idée d'envoyer un joueur de dhombra qui, plutôt que de parler, utilisa son instrument pour exprimer la chose. Ce qu'il fit si bien, que finalement, c'est dans la caisse du dhombra que l'on coula du métal fondu.
Cette légende illustre bien la sensibilité de la musique kazakhe et plus particulièrement du dhombra, qui a la réputation de pouvoir transmettre des messages précis.
Pour finir, je vous poste quelques photos des films que l'on a vus :
Chanteuse... J'aime son expression.
L'atelier d'un luthier.