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Claire in KZ
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1 mai 2010

Pavlodar

Mercredi et jeudi, j'ai accompagné mon mari lors d'un voyage d'affaires dans le nord du Kazakhstan, à Pavlodar (je précise que j'ai payé moi-même mon billet d'avion et mon hôtel :). Les photos qui suivront ont été prises lors d'une balade au hasard en ville et lors de la visite guidée qui a eu lieu le lendemain.

Géographie

Cette ville de 360 000 habitants est considérée comme "petite". J'ai essayé de vous trouver une carte sur le Web pour vous montrer où c'est exactement, mais il n'y en a pas. En gros, la ville se situe dans la région d'Astana, donc au Sud de la Sibérie, toute proche de la Russie (Omsk et Novosibirsk étant accessibles par la route).
De fait, dès qu'on descend de l'avion et qu'on franchit le tarmac à pied jusqu'au minuscule aéroport aux panneaux dessinés à la main (fort bien d'ailleurs), on est tout de suite mis dans l'ambiance : ici, c'est la steppe, dans ce qu'elle a de plus aride et de plus nu, balayée par un vent assez désagréable. Malgré tout, la ville est moderne, spacieuse, propre, et rappelle Almaty.

Histoire

D'après ce que nous ont expliqué nos hôtes, Pavlodar est une ville d'anciens déportés. Elle était initialement occupée par des Kazakhs, puis l'Union Soviétique est passée par là, amenant diverses vagues de population qui ont dû construire elles-mêmes la ville. Les Kazakhs les y ont aidés en vertu du proverbe qui dit qu'un hôte, avant même de lui demander son nom et d'où il vient, tu lui offres le gîte et le couvert. Donc, 112 nationalités cohabitent à Pavlodar. Avec la persistance du régime soviétique, des appartements ont été distribués à tous, ainsi qu'une datcha, cette parcelle de terrain en périphérie de la ville où l'on construit une petite maison sommaire et qui sert de potager et de lieu de détente.
Nous avons surpris la ville en pleine préparation des événements du 9 mai. Staline a en effet signé l'armistice ce jour-là (contre le 8 ailleurs dans le monde), car il avait été oublié dans les événements de la veille. Les enfants de la ville répètent des danses qui seront présentées devant le monument aux morts le jour J. Il paraît que c'est un grand honneur d'être choisi pour y participer.

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Pavlodar est également connue pour son musée des Arts et des Lettres, le seul du pays, ainsi que pour être l'une des seules villes à avoir conservée intacte la statue de Lénine, le "Diédouchka Lénine" comme on l'appelle ici ("grand-père"). Ci-dessous, le monument aux morts. On ne le voit pas sur la photo, mais comme à Almaty, une flamme brûle en permanence en souvenir de la victoire.

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Economie

Pavlodar n'est pas considérée comme une ville particulièrement riche, mais pas particulièrement pauvre non plus.
Pavlodar était d'abord célèbre pour ses mines de sel. Puis l'industrie est arrivée : aluminium et pétrole. La raffinerie de pétrole de Pavlodar est la plus grande du pays. Nous l'avons visitée, et en sommes ressortis convaincus qu'elle était conforme aux normes internationales. La mauvaise qualité de l'essence au Kazakhstan vient probablement des distributeurs à la pompe, qui doivent la couper avec d'autres produits pour faire plus de profit... Mais en choisissant bien sa station-service, il est quand même possible de trouver un carburant correct.
La raffinerie emploie 4000 personnes dont 1000 femmes. Sa politique RH est digne des meilleures : sur le site, on trouve un hôpital pour les urgences au gaz ou les brûlures, un restaurant, divers clubs de sport, et l'entreprise fait également du mécénat et, par ses impôts, contribue au budget de la ville à hauteur de 50%.
Malgré la présence de pétrole dans le sous-sol kazakh, les raffineries continuent à utiliser le pétrole russe. Les infrastructures du pays ont en effet été conçues lors de la période soviétique, en un ingénieux réseau qui poussait les pays à dépendre les uns des autres. Ce système fonctionne encore si bien que personne ne juge rentable d'investir dans une exploitation locale.

Architecture

Bien sûr, on retrouve dans l'architecture de Pavlodar le côté soviétique déjà présent à Almaty. Mais la ville présente quelques spécificités.

La rivière qui arrose Pavlodar coulait initialement très loin d'ici. Elle a été détournée à la force du poignet par le régime soviétique, qui souhaitait faire de cette région très sèche un grenier à blé. Malgré la présence de la rivière, aucun arbre ne pousse naturellement à Pavlodar, et les jardiniers de la ville doivent prendre grand soin des quelques spécimens qui ont réussi à grandir malgré le vent de la steppe.
Non loin de la rivière, de très jolies fontaines toutes neuves viennent agrémenter le paysage :

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Lieux de culte

Etant donné que plus d'une centaine de nationalités cohabitent en ville, il est intéressant de se poser la question de la religion. Notre guide, elle-même musulmane, nous a emmenés à la mosquée (construite en 2002) puis à l'église orthodoxe (construite en 1999), pour nous montrer que le sujet était tout à fait libre et la tolérance assez exceptionnelle. De fait, nous avons même pu entrer dans le hall de la mosquée, alors que toutes les femmes de notre groupe étaient en jupe et tête nue. Personne ne nous a regardées de travers. Une délicieuse odeur d'encens à la vanille flottait dans l'air. C'était l'heure de la prière, le muezzin appelait les fidèles depuis l'un des minarets, et les jeunes étudiants en retard s'engouffraient dans la mosquée en rigolant, se déchaussaient vite fait, se couvraient la tête pour les filles à l'aide d'une ample cape verte, et filaient dans la salle concernée.

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Culture

Comme notre avion de retour (un coucou à hélices) était prévu assez tard dans la nuit, nous avons eu la chance de pouvoir assister à un spectacle de danses dites "internationales" au théâtre de la ville. J'ai été très impressionnée par la qualité du spectacle. Les danseurs venaient d'Astana. Par "danses internationales", entendez danses kazakhes, ouzbèkes, ukrainiennes, polonaises, turques, russes, chinoises, ouïghoures, bref, toutes celles des ethnies que l'on retrouve au Kazakhstan. C'était juste génial ! Musique à fond les ballons, salle comble et public surchauffé (surtout quand les danseuses du ventre ont fait leur apparition), et pour finir, un tableau de danse moderne préparé pour les événements du 9 mai, d'une qualité époustouflante, représentant des prisonniers et une femme triste habillée de noir qui attend le retour de son homme parti au front. Les photos sont de mauvaise qualité et je m'en excuse, l'éclairage ne m'a pas permis d'en prendre de meilleures.

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Ce voyage express nous a permis d'ouvrir nos perspectives sur le Kazakhstan, qui se résumait jusque-là à Almaty et sa région. Je participerai au moins de juin au prochain voyage dans la ville d'Oust-Kamenogorsk. Bien sûr je vous referai un article !

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Commentaires
O
un blog de qualité!
C
magnifique!!!
K
J'ai appris pas mal de choses sur Pavlodar. Très intéressant.<br /> <br /> Katy
M
Passionnant comme tout cet article où j'apprends tout sur une ville dont j'ignorais le nom il y a encore un quart d'heure ! J'aime bien ta tenue en jupe froncée. Elle fait un peu couleur locale. Mais ce n'est peut-être pas le cas ! ;-)
C
Je crois qu'ici, le 9 mai, on appelle explicitement ce jour celui de la victoire. D'où les grandes démonstrations qu'on nous recommande d'aller voir...
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