Kirghizstan, jour 2

Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, nous avons petit-déjeuné, avec encore des surprises à la carte : mes crêpes étaient cette fois-ci totalement différentes, et fourrées avec une espèce de fromage sableux, mais toujours délicieuses. Toujours pas de café, mais cet excellent thé.

Mon mari avait entendu parler d'un beau lac de montagne à 300 kms de là (le lac Issik-Kül), et souhaitait aller y faire une petite expédition. Nous avions le temps : l'ambassade ne nous attendait qu'à 18 heures pour aller récupérer nos visas. Il neigeait, une espèce de neige humide et collante, mais Iermann ne voyait pas d'inconvénient à conduire dans ces conditions, donc nous sommes partis tout de suite.

Nous avons pris une première prune à 100 kilomètres de la capitale, en rase campagne (ou plutôt en rase steppe). Evidemment, notre immatriculation étrangère, sans parler du luxe relatif de notre 4x4, ne pouvait qu'attirer les convoitises ! Donc en gros les flics nous arrêtent, si tu ne discutes pas c'est 100 soms (la monnaie locale), si tu discutes c'est 300. Evidemment on évite de discuter.

Au bord de la route, des tas de petites fermes plus ou moins délabrées, quelquefois des yourtes, des gens qui parcourent des kilomètres à pied avec leurs vaches, ou à dos d'âne pour les plus chanceux. Nous avons commencé à nous enfoncer dans la montagne, sur une route excellente, ce qui nous a surpris : apparemment l'Etat prend grand soin de ses infrastructures, du moins des principales. A flanc de montagne étaient inscrits des slogans en russe, et même à un moment, était peint un grand drapeau du Kirghizstan, jugez-en vous-même :

Mais hormis ce détail, le paysage était à couper le souffle. La région doit certainement avoir des particularités géologiques, car je n'ai jamais vu en France autant de couleurs et de plis dans un bloc minéral. Les monts Ala-Tau, dont vous avez ci-dessous un aperçu, étaient particulièrement spendides délicatement voilés de neige fraîche.

Au bord de la route, des gens faisaient quelquefois du feu, ou marchaient en longeant la voie ferrée : le mode de vie nomade ne semble pas complètement mort (mais malheureusement les gens semblent trop pauvres pour posséder des chevaux). Certains tenaient des petites échoppes attenantes à leurs yourtes.

Finalement, nous sommes arrivés au lac, où il a fallu passer un péage. En été, ce doit être une station balnéaire très prisée, à en juger par la véritable ville qui s'est développée à proximité. Même hors-saison, des babouchkas vendaient des poissons séchés au bord de la route. Nous nous serions bien arrêtés pour déjeuner, mais en cherchant notre chemin, nous avions perdu trop de temps : nous sommes donc allés au bord du lac pour faire quelques photos, et hop, retour à Bichkek en faisant le chemin inverse (et une prune, une ! 300 soms car on a discuté !).

Ni Damira ni moi n'étions allées au toilettes depuis le matin, et nous commencions à devenir sérieusement nerveuses. Mais impossible d'en trouver en chemin, si bien qu'en arrivant à Bichkek, la première chose que nous avons demandée à notre intermédiaire fut de nous y aider. Ce ne fut pas une mince affaire. Nous serions bien allées dans la nature, mais nous étions passibles d'une amende. Celles du parc attenant à l'ambassade étaient fermées (hors-saison oblige). Finalement, gêné, un agent nous a indiqué un lieu perdu dans un terrain vague, où nous nous sommes dirigées avec empressement.

Au départ, je ne suis pas arrivée à croire que ce bunker défoncé aux murs troués et sans porte pouvait être les toilettes. Mais si ! Chacune son tour ! J'ai inauguré. Quatre trous percés dans une dalle de béton au-dessus d'une fosse, dans une puanteur... bref. Apparemment ce genre de toilettes existe aussi au Kazakhstan, il faudra que j'aille vérifier : c'était une expérience. Je me demande si tout le monde "fait" en même temps aux heures d'affluence...

Nous avons fait la queue trente minutes dans le froid avant de pouvoir récupérer nos passeports. Le préposé m'a demandé d'ôter mes lunettes et mon bonnet pour voir si c'était bien moi (Eta vi ?) : c'était bien moi (Eta mi).

Après quoi, nous sommes allés dîner en ville, sur les conseils de notre intermédiaire, dans un restaurant fréquenté par les étrangers. Comme de coutume, la moitié des mets proposés sur la carte était indisponible, mais ce qu'il y avait était délicieux. Pour moi, ce fut une sorte de steak haché avec des frites, copieusement arrosé de thé.

Nous avons repassé la frontière kazakhe avec un certain soulagement, pris encore deux prunes sur la route pour Almaty, dans une purée de pois telle qu'on voyait le brouillard serpenter sur la route et qu'on roulait à 40 km/h sous peine de nous prendre la barrière (ce qui a failli arriver, d'ailleurs les poids lourds s'étaient tous sagement arrêtés au bord de la route en attendant d'y voir plus clair).

La leçon que nous tirons de ce voyage (même si en rentrant, à 2 heures du matin, il ne fallait pas espérer avoir de l'eau chaude) : on est très, trèèèèèès bien à Almaty ! :)

Comments

[Yara]

Tous ces plis et ces déformations rocheuses sont dus à la collision entre l'Inde et le continent asiatique formant ainsi l'Himalaya et le Tien Shan. C'est la raison d'Almaty être une ville très sismique (comme cette région du Kirghizstan), complètement rasée 2 fois par des tremblements de terre très puissants et reconstruite sur des débris. Les montagnes sont magnifiques mais les roches sont que des cailloux fracturés ou que des dépôts des coulées de boue, pas solides de tout. A cause de ce problème sismique, la capitale s'est déplacée à Astana.
Peut-être tu connais les tremblements de terre au Japon mais la différence avec le KZ c'est qu'ici les constructions ne sont pas antisismiques, ni même les modernes, c'est toute une histoire très compliquée...

[Claire]

Je ne suis jamais allée au Colorado (ni aux USA d'ailleurs) mais j'en ai vu des photos et c'est vrai que ça y ressemble. Ce sont des montagnes jeunes, m'a-t-on dit. Je vais faire grincer des dents en disant ça, mais... c'était presque plus beau que les Alpes ! ^^

[emiri]

Je me demande comment ils ont fait pour peindre un si grand drapeau a flanc de montagne, et avec quelle peinture. Mais le paysage semble vraiment epoustouflant ! La photo ou l'on y voit une montagne me rapple le Colorado, meme si un peu moins chaotique.

[Claire]

Oui, le Lonely Planet en parle aussi. L'eau est légèrement salée apparemment et ne gèle jamais. Le lac est tellement grand qu'on n'en voit quasiment pas les rives... C'était très beau, mais froid et venteux !

[Véronique]

J'ai lu sur le site d'une agence de voyages que ce lac est le deuxième plus grand lac d'altitude au Monde, après le Titicaca. Apparemment c'est aussi une destination touristique pour la plupart des pays d'Asie centrale (eau à 20° l'été). J'espère que tu y retourneras à la belle saison, et que tu nous raconteras !!