La mentalité nomade
Deux semaines après mon arrivée, la culture locale reste encore un grand mystère pour moi. Et elle est d'autant plus difficile à comprendre que pour nous autres Occidentaux, l'Asie Centrale est une zone "vide" sur la carte du monde, dont ont n'apprend jamais ni l'histoire ni la géographie à l'école et que seuls quelques routards avides de treks et autres voyages "ethniques" connaissent (un peu).
Pourtant, l'histoire de l'Asie Centrale est riche en péripéties. Cette zone fut à une époque le centre du monde (comme plaque tournante de la Route de la Soie) et le lieu d'événements historiques. Almaty se situe très au nord de cette plaque tournante, et il semblerait que l'Ouzbékistan (peuple rival paraît-il) et le Kirghiszstan (peuple ami) soient des zones plus centrales.
J'ai été surprise d'apprendre que le peuple kazakh descendait directement de Gengis Khan. Si mes renseignements sont exacts, le nomadisme était la règle quasiment jusqu'aux années 50 et, aujourd'hui encore, à Almaty même, les gens qui se rencontrent ont coutume de se demander de quelle tribu ils descendent (la grande, la moyenne ou la petite, d'après ce que j'ai lu). D'ailleurs, la Mongolie est encore peuplée de pas mal de Kazakhs.
L'industrialisation du pays s'est effectuée sous l'impulsion de la Russie soviétique. Le Kazakhstan est alors devenu une sorte de grenier à blé. Plus récemment, le Kazakhstan, désormais indépendant, a commencé à exploiter ses immenses ressources en pétrole (le quatrième réservoir du monde), en gaz et en uranium. Par conséquent, ici, tout est neuf, même si les façades sont défraîchies à cause du gel qui fait éclater les peintures et les enduits.
Mon mari, par ses collègues kazakhs au bureau, a réussi à obtenir quelques éclaircissements sur leur comportement parfois mystérieux à nos yeux. Par exemple, la ponctualité n'est pas une norme, parce que traditionnellement, au vu des aléas climatiques et des rivalités entre tribus, on ne savait jamais quand (et si) on arriverait. Quand mon propriétaire dit qu'il passe aujourd'hui et finalement passera demain, le tout sans prévenir, je comprends mieux pourquoi.
La nourriture locale est majoritairement carnée et très grasse, simplement parce que pour tenir en selle toute la journée pendant les transhumances, hommes et femmes devaient bien se nourrir.
Les chiens sont considérés comme des animaux dangereux, éventuellement dédiés à la garde, dont seuls les hommes s'occupent. On apprend aux enfants à les craindre car ils véhiculent toutes sortes de maladies dont la rage (je comprends mieux la réaction de ces dames dans la rue...).
Et je présume (ce n'est qu'une suggestion) que si les Kazakhs sourient peu, c'est aussi une donnée culturelle. Je regardais l'autre jour une compétition de GRS entre ex-pays soviétiques à la télé, et toutes les gymnastes souriaient pendant leur prestation, sauf les Kazakhes...
Les autres expats m'assurent pourtant que l'hospitalité est une solide tradition ici, avec la fameuse tête de mouton dont l'invité d'honneur doit manger les yeux. (On nous conseille de placer l'oeil le plus en arrière possible de la bouche et d'avaler !) Cela arrive même ici à Almaty, même si c'est plus fréquent dans les campagnes. Heureusement pour l'instant, il n'en a pas encore été question pour nous ! ^^